Hommage à un grand homme
Bonjour;
Le frère Claude Beaudet, anciennement Claude-Albert, mariste, vient de mourir. Il avait 87 ans.
Il a été beaucoup pour moi. Un modèle, un enseignant dévoué honnête, juste et compétent, en classe de versification, au juvénat de Lévis. À une certaine époque, il fut mon confident. Dans mon journal de cette époque, le 22 janvier 1958 j’avais écrit ceci : Aujourd’hui, j’ai entendu beaucoup de réflexions sur les frères; et l’opinion générale était que le frère Claude-Albert était le plus équitable. Toujours dans mon journal, j’ai relu avec plaisir une anecdote le concernant. C’était la nuit du 26-27 décembre 1957. Nous étions une dizaine de juvénistes de Lévis (Germain Lebrun, Jean-Paul Tremblay, Michel Bergeron, Jacques et Gaétan Boivin, Jean-Marc Larouche et quelques autres) qui retournions au Lac St-Jean en train pour les vacances des Fêtes. Le frère Claude nous accompagnait. J’avais 16 ans. Après nous être amusé ferme, comme seuls de vrais cons d’ados peuvent le faire, le frère Claude nous a un peu calmé. Avec tact. Voici un extrait de mon journal: Vu que c’est pas mal calme, on en profite pour dire notre chapelet. C’est Germain qui le récite. Le frère Claude nous a passé une petite machine à vues avec des films d’Europe et du Canada. Puis nous jouons aux cartes. Le frère Claude est descendu du train avec moi à St-Félicien. Je ne sais trop pourquoi.
En 1964, après une première année d’enseignement à Chicoutimi, où j’avais adoré cela, bien encadré, avec un directeur compréhensif (Wilfrid Gauthier) et un responsable de la section classique en or, (le frère Couillard), qui m’a suivi avec beaucoup de doigté et de professionnalisme dans mes premiers pas de pédagogue, j’arrive à Alma, dans une tout autre dynamique. C’est le frère Eudore (j’aime mieux conserver son ancien nom, car il a changé depuis) qui était mon directeur et de communauté, et pour l’école. Je ne veux pas élaborer sur le sujet ici, mais disons que j’étais très près d’une dépression en automne. Je vivais dans un milieu empesé, rigide, constipé, bref, tout l’opposé de Chicoutimi. Et pour montrer quelle bonne influence le frère Claude avait laissé sur moi, c’est à lui que j’ai choisi de confier mes états d’âme. Il était rendu missionnaire au Cameroun. Je luis ai écrit une longue lettre pour me confier à lui et lui demander conseil.
Son service a lieu demain à Château-Richer. J’y serai sans faute. Je lui dois bien au moins ce petit geste.